L'entreprise service en tout genre compte maintenant trois membres, et Ergastulum ne semble pas disposée à les mettre au chômage. Le style de la série se précise avec ce volume. La mafia et la débauche, déjà éléments centraux du premier tome, sont ici omniprésents. Au programme de ce second volume, de la baston, des complots, de la baston, des relations humaines et surtout, de la baston.
 
Le tout est efficace, mais l’on a encore du mal à saisir où l’on va, vers quoi tendent les personnalités qui forment le récit. Par ailleurs, les rappels aux passés des différents personnages, trop présents et rarement explicités, brisent l'équilibre révélation/mystère, et finissent par ennuyer. Fort heureusement, les quelques scènes consacrées aux relations des personnages font des miracles, et permettent d'oublier ce sentiment d'imprécision.
 
Bien que sa présence soit mineure dans ce volume, c'est pourtant une nouvelle fois Alex qui constitue le principal intérêt du manga, de par sa personnalité unique. Trop de mangas (et pas que) nous laissent croire que les personnages torturés, une fois sortis de leur misère et placés dans un environnement sain, retrouvent vite la joie de vivre, et oublie leur sinistre passé. C'est bien évidemment plus compliqué que cela. Alex, ancienne prostitué, est si profondément marqué par les traitements de son ex proxénète qu'elle développe une addiction pour la drogue qui la rendait servile, plongeant dans un état de semi-inconscience la poussant à vendre à nouveau son corps, sans que cela ne lui soit imposé. Ces faits auraient pu n'être que larmoyants, le traitement qu'en fait Kohske leur donne une dimension bien plus profonde.

On apprécie également le côté ambigu des relations entre nos trois protagonistes. Difficile de définir avec exactitude si l'on a affaire à de l'amitié, à de l'amour ou à de l'indifférence.
 
Gangsta n'est pas parfait, mais la psychologie fouillée des personnages et son univers sombre et réaliste confère au récit une puissance évocatrice et émotionnelle exceptionnelle. Gageons que les volumes suivants nous conforteront dans cette idée.