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"...Il ne faut pas oublier que l’on a un tueur à nos trousses, et le scénario ne nous lâche pas..."

Préface:
Écouter pour la première fois sa voix enregistrée est un choc.
Se voir en photo en est un autre. Mais disons que ça fait partie de nos vies: on est surpris de l'effet produit, pas que ça arrive. Mais se voir dessiné? Qui plus est sur du papier imprimé... Ça n'est pas dans l'ordre des choses, rien ne vous y prépare vraiment.

Les premières fois que ça s'est produit pour moi, que je me suis donc vu dessiné par des gens dont c'est le métier, c'était plutôt de l'ordre de la caricature. Si je suis honnête, je ne peux pas dire que ça m'ait réjoui, mais histoire de ne pas passer pour ce que je suis, j'ai fait bonne figure auprès de mes amis que ça faisait marrer. Ici, c'est autre chose. Car si rien ne vous prédispose à vous voir affublé d'un double graphique, que dire du fait d'être intronisé héros d'un récit?Bon, en l'occurrence, je suis bien tombé. Pour avoir lu, et beaucoup aimé, les livres précédents du tandem Balez / Le Couëfflec, je savais que mon double était entre de très bonnes mains. Il ne partait pas au casse-pipe, avec option rire jaune à l'arrivée.

Enfin, je dis ça mais à l'heure d'aujourd'hui, même si je sais grosso modo de quoi l'histoire retourne, je n'ai eu que quelques planches sous les yeux. Et si je ne m'abuse, il est question d'avoir ma peau dans le titre... Dans quel(s) guêpier(s) m'ont-ils fourré? Comme si la vie n'était pas assez compliquée...

Bon, au moins, niveau représentation, je m'y retrouve. C'est même assez troublant. Quand ma tendre amie a vu les planches, elle s'est écriée: «C'est toi! C'est dingue! C'est trop toi!». Ce «trop toi» m'a fait bizarre, mais ça répondait pourtant bien au sentiment que j'ai eu moi même, d'être physiquement percé à jour. Et pas que physiquement: dans les quelques planches que j'ai vues, les deux compères m'imaginent à un moment différentes vies, autres que celle de saltimbanque, et en concluent que je ne me suis pas donné d'autre choix que d'être chanteur. Quand j'ai lu ça, ça a fait tilt. C'est on ne peut plus vrai, ça m'a sauté à la gueule, et pourtant, je ne me l'étais jamais dit. Je pensais jusqu'alors que j'étais arrivé dans ce métier non pas par hasard, ne poussons pas mémé, mais enfin un peu à la faveur de certaines circonstances. Mais en fait non: j'ai sciemment déblayé le terrain tout autour de moi, je me suis coupé tous les ponts qui m'auraient permis d'échapper au micro et aux planches. J'étais en fait un monstre de détermination.
Et les monstres, on leur fait quoi, les amis? La peau! On leur fait la peau!

Dominique A