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auteur
editeur
Date de parution
07/06/2013
Poids
160 g
Reference
9782290072974
Il y eut un rideau de silence entre la fin de la pièce et la première vaguelette d'applaudissements. Distrait par le silence, Chapin laissa flotter son attention et quitta des yeux l'Américain au crâne dégarni assis près de l'allée centrale.
Ce fut sa première faute de la journée.
Chapin était un homme gras et il enviait la grâce et l'aisance comme un infirme admire l'agilité d'un athlète. Il était assis sur le dur siège de bois, respirant lourdement, sa forme massive contrastant avec les minuscules Japonais alentour, et il regardait avec un plaisir presque sensuel les acteurs masqués de la compagnie Kanzé Nô qui glissaient sans bruit sur la passerelle hashigakari pour rejoindre les coulisses. Sans en comprendre toutes les subtilités, Chapin était frappé par le théâtre Nô. Il n'avait jamais avoué cela à personne, car il admettait que c'était une étrange obsession, surtout pour quelqu'un faisant son genre de travail. Il se demandait vaguement ce qui avait poussé l'Américain à venir au théâtre.
L'Américain.
Quand Chapin regarda de nouveau le siège près de l'allée, celui-ci était vide, et l'homme se hâtait vers la sortie. Encore plongé dans l'atmosphère du Nô, Chapin répugnait à briser la toile d'araignée imaginaire qui l'attachait à la scène. Avec lassitude, il fraya un passage à son corps massif par-dessus les jambes de quatre Japonais et se dirigea vers le hall à travers l'allée maintenant bondée. Pour un homme de sa corpulence et de son âge, il se déplaçait rapidement. Mais lorsqu'il sortit sur le perron du théâtre, l'Américain avait disparu dans le flot humain qui remplissait les rues du centre de Tokyo.
Chapin s'immobilisa sur les marches du théâtre et passa ses doigts dans ses cheveux clairsemés. C'était sa première «perte» en plusieurs années et son orgueil professionnel était blessé. Le Contrôle serait furieux. Comme il se détournait pour chercher un téléphone, quelque chose accrocha son oeil: le profil familier d'un homme s'encadrant dans la vitre d'un taxi qui s'éloignait du trottoir.
Ce fut sa première faute de la journée.
Chapin était un homme gras et il enviait la grâce et l'aisance comme un infirme admire l'agilité d'un athlète. Il était assis sur le dur siège de bois, respirant lourdement, sa forme massive contrastant avec les minuscules Japonais alentour, et il regardait avec un plaisir presque sensuel les acteurs masqués de la compagnie Kanzé Nô qui glissaient sans bruit sur la passerelle hashigakari pour rejoindre les coulisses. Sans en comprendre toutes les subtilités, Chapin était frappé par le théâtre Nô. Il n'avait jamais avoué cela à personne, car il admettait que c'était une étrange obsession, surtout pour quelqu'un faisant son genre de travail. Il se demandait vaguement ce qui avait poussé l'Américain à venir au théâtre.
L'Américain.
Quand Chapin regarda de nouveau le siège près de l'allée, celui-ci était vide, et l'homme se hâtait vers la sortie. Encore plongé dans l'atmosphère du Nô, Chapin répugnait à briser la toile d'araignée imaginaire qui l'attachait à la scène. Avec lassitude, il fraya un passage à son corps massif par-dessus les jambes de quatre Japonais et se dirigea vers le hall à travers l'allée maintenant bondée. Pour un homme de sa corpulence et de son âge, il se déplaçait rapidement. Mais lorsqu'il sortit sur le perron du théâtre, l'Américain avait disparu dans le flot humain qui remplissait les rues du centre de Tokyo.
Chapin s'immobilisa sur les marches du théâtre et passa ses doigts dans ses cheveux clairsemés. C'était sa première «perte» en plusieurs années et son orgueil professionnel était blessé. Le Contrôle serait furieux. Comme il se détournait pour chercher un téléphone, quelque chose accrocha son oeil: le profil familier d'un homme s'encadrant dans la vitre d'un taxi qui s'éloignait du trottoir.