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auteur
editeur
Date de parution
01/04/2014
Poids
400 g
Reference
9782868197702
Extrait
Mercredi 29 décembre 1999
9 h. Préfecture d'Aquitaine, Bordeaux.
Lecoanet avait passé la nuit au bord de l'estuaire, il en avait besoin, il aimait ça, s'immerger d'abord, physiquement, dans sa région d'enquête. S'immerger était cette fois le mot juste. La tempête qui venait de frapper la façade atlantique deux nuits auparavant. Elle succédait de peu à celle qui avait traversé la France de Brest à Strasbourg, vingt-quatre heures plus tôt.
L'eau, le vent avaient pris toute la place. La petite voiture qu'il avait louée résistait mal aux bourrasques qui chevauchaient ces terres plates et gorgées d'eau. Ce n'est qu'après la sortie de l'échangeur du Lac, passée la barrière d'Ares que le lieutenant, prenant la direction de Mériadeck, longeant le discret cimetière de la Chartreuse, put souffler un peu. Le parking extérieur de la préfecture de région d'architecture moderne, dans ce quartier neuf symbolisant le passage au troisième millénaire, était bondé de véhicules bleus, rouges et blancs, certains aux gyrophares encore allumés. Il gara sa voiture boueuse derrière une imposante berline officielle ce qui provoqua l'irruption immédiate d'un gardien en colère. Lecoanet le stoppa d'une main.
- Tout doux, tout doux, c'est la voiture du préfet, je présume ?
- Comment vous l'avez deviné ?
Lecoanet indiqua de la tête le panneau «réservé» qui l'indiquait.
- Évidemment, bougonna le gardien. Mais vous ne pouvez pas rester là.
Le lieutenant montra sa carte et lui tendit ses clés.
- Le préfet m'attend et, si j'ai bien compris, il n'est pas près de partir... Mais, dans le cas contraire, vous serez gentil de déplacer ma voiture. Je compte sur vous. Merci ! A l'entrée du bâtiment, gobelets de café fumants à la main, ceux qui tirent sur leurs clopes en vitesse, tapent des pieds pour tenter de se réchauffer. Certains récupéreront un peu dans la semaine, si la tempête leur en laisse le temps. Le plus gros semble en effet passé, mais toutes les équipes sont encore là, avec l'angoisse et la fatigue accumulées. L'heure est aux bilans, aux secours, au rétablissement des services et réseaux.
Ce sera long : à Braud-Saint-Louis, la centrale est toujours sous les eaux, prisonnière de la digue extérieure, façade estuaire et océan, dérisoire, et des marais à l'est qui ne pouvaient pas en avaler plus et jouaient aux étangs. Les canaux de dérivation, depuis longtemps disparus, demeuraient invisibles, comme la route d'accès. On ne compte plus les clochers effondrés ou menaçant de dégringoler, les toits envolés, les arbres déracinés ou coupés en deux. Les réseaux EDF et Télécom sont presque partout à refaire.
Le niveau de l'estuaire restait anormalement haut, la décrue se faisait attendre.
9 h. Préfecture d'Aquitaine, Bordeaux.
Lecoanet avait passé la nuit au bord de l'estuaire, il en avait besoin, il aimait ça, s'immerger d'abord, physiquement, dans sa région d'enquête. S'immerger était cette fois le mot juste. La tempête qui venait de frapper la façade atlantique deux nuits auparavant. Elle succédait de peu à celle qui avait traversé la France de Brest à Strasbourg, vingt-quatre heures plus tôt.
L'eau, le vent avaient pris toute la place. La petite voiture qu'il avait louée résistait mal aux bourrasques qui chevauchaient ces terres plates et gorgées d'eau. Ce n'est qu'après la sortie de l'échangeur du Lac, passée la barrière d'Ares que le lieutenant, prenant la direction de Mériadeck, longeant le discret cimetière de la Chartreuse, put souffler un peu. Le parking extérieur de la préfecture de région d'architecture moderne, dans ce quartier neuf symbolisant le passage au troisième millénaire, était bondé de véhicules bleus, rouges et blancs, certains aux gyrophares encore allumés. Il gara sa voiture boueuse derrière une imposante berline officielle ce qui provoqua l'irruption immédiate d'un gardien en colère. Lecoanet le stoppa d'une main.
- Tout doux, tout doux, c'est la voiture du préfet, je présume ?
- Comment vous l'avez deviné ?
Lecoanet indiqua de la tête le panneau «réservé» qui l'indiquait.
- Évidemment, bougonna le gardien. Mais vous ne pouvez pas rester là.
Le lieutenant montra sa carte et lui tendit ses clés.
- Le préfet m'attend et, si j'ai bien compris, il n'est pas près de partir... Mais, dans le cas contraire, vous serez gentil de déplacer ma voiture. Je compte sur vous. Merci ! A l'entrée du bâtiment, gobelets de café fumants à la main, ceux qui tirent sur leurs clopes en vitesse, tapent des pieds pour tenter de se réchauffer. Certains récupéreront un peu dans la semaine, si la tempête leur en laisse le temps. Le plus gros semble en effet passé, mais toutes les équipes sont encore là, avec l'angoisse et la fatigue accumulées. L'heure est aux bilans, aux secours, au rétablissement des services et réseaux.
Ce sera long : à Braud-Saint-Louis, la centrale est toujours sous les eaux, prisonnière de la digue extérieure, façade estuaire et océan, dérisoire, et des marais à l'est qui ne pouvaient pas en avaler plus et jouaient aux étangs. Les canaux de dérivation, depuis longtemps disparus, demeuraient invisibles, comme la route d'accès. On ne compte plus les clochers effondrés ou menaçant de dégringoler, les toits envolés, les arbres déracinés ou coupés en deux. Les réseaux EDF et Télécom sont presque partout à refaire.
Le niveau de l'estuaire restait anormalement haut, la décrue se faisait attendre.
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